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In 25 FPS, SCREENS, SERIAL PORT
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Allez, les télés n’en parlent pas encore (peut être parce qu’aucune n’a encore acheté les droits).

Vendredi, HBO tentait de reprendre la main sur le territoire qu’elle avait patiemment défriché puis planté d’arbres, avant que les arrivistes (c’est à dire tous ceux qui aiment bien que leur point de chute soit déjà bâti avant qu’ils n’y mettent le pied) viennent l’occuper (ceci montrant bien que le domaine de la création répond aux mêmes lois que la conquête de l’Ouest, vous savez, comme le disait ce promeneur solitaire, le bon vieux coup qui consiste à s’emmerder à couper des arbres, faires des piquets, installer une barrière, se mettre au beau milieu de son terrain et dire « Ici, c’est chez moi », et retrouver son beau territoire squatté dès qu’on revient du drugstore du coin où on a acheté quelques t-bones pour se faire un quatre heures).

Le problème, c’est qu’après les salves tirées par la concurence, il devient difficile de proposer quelque chose qui permette vraiment de pousser le bouchon plus loin, et on voit mal comment les scénaristes pourraient trouver encore des territoires jusque là inexplorer dans lesquels plonger leur art désormais totalement maîtrisé de la narration.

Le truc, c’est que le héros d’une bonne série, c’est quelqu’un qui doit avoir quelque chose à cacher, Dexter en est l’exemple masculin le plus évident, Bree Van de Kamp en est l’incarnation oestrogénée. Puisque la relation est censée s’installer sur la durée, il faut qu’on soit plus ou moins tenus en haleine, et tout doit nous pousser à nous demander « Dis donc, toi, qu’est ce que tu caches ? ». Mais une variante de ce principe est la complicité qu’il y a à partager un secret avec les personnages. C’est bien la seule chose qui pouvait faire qu »on reste un tout petit peu devant l’écran sur des propositions aussi mal réalisées que « Demain à la une », par exemple.

C’est ce second principe qu’a choisi par HBO pour nous embarquer dans sa nouvelle narration. Un contexte : Détroit, « là où une rivière qui mène à l’échec prend sa source »;le fleuve du développement économique décrit au niveau de l’estuaire de la crise. Un personnage perd tout, sauf ses atouts naturels, et les dieux semblaient se douter quelque peu de cette destinée coquine, puisqu’ils l’ont doté d’un équipement qui vaut son pesant d’or, et qu’il pourrait bien vendre, et comme prof dans le public, ça paie pas très bien… …

Voila le principe de « Hung ». Dès le départ, on partage avec Ray son lourd secret. Et tout va tenir sur l’usage qu’il va en faire. Et bien sûr, une partie du plaisir va être liée à la double narration qui s’installe désormais dans ces séries : quelle sera la trajectoire de cet entraineur de basket ? Et comment les scénaristes vont ils réussir mener cette barque (bien qu’en l’occurrence, il faille plutôt parler de paquebot). Et au delà de la série et de son arc narrative qui laisse songeur, évidemment, on ne peut que se demander, à l’avance, quel regard va être porté sur la toile de fonds du récit, le paysage économique dévasté, mettant en confrontation ceux qui bricolent pour donner aux fins de mois des contours moins aigus, et ceux qui peuvent s’offrir ces services que les plus fauchés sont enfin prêts à rendre lors des temps de crise.

La saison est lancée !

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