Alors, est ce qu’il faut faire la fine bouche ?
Nous sommes en 2008, et le fait que le président du monde des Etats Unis ne soit pas de peau blanche est un évènement mondial. Bien. Ca, ça fait a déjà de quoi déconcerter. Ce qui fait mal, aussi, c’est de se faire donner une leçon de politique par les américains. Mais bon, à jouer aux cons avec notre image de peuple politique, on peut dire qu’on l’a finalement bien cherché, et on a l’air malins, maintenant, avec notre président ultralibéral (hein ? Vous avez cru aux tirades de ces dernières semaines ? Il semblerait que quand il s’agit des banques, oui, le libéralisme puisse être mis entre parenthèses, mais quand il s’agit de savoir si les caissières de supermarché devront, ou pas, travailler jusqu’à 70 ans pour s’approcher (sans l’atteindre) d’une retraite décente, là, subitement, l’Etat ne puisse rien faire (on appréciera l’argumentation de Devedjean sur Itele avant hier, qui affirmait sans rire que ce n’était pas comparable : investir dans les banques, c’est de l’argent qu’on retrouve (qui est « on » ?). Par contre, investir dans les retraites, c’est de l’argent perdu, qu’on ne reverra pas (preuve que la notion de pouvoir d’achat est loin, trrrrrrès loin de ces esprits là (je vous conseille le moment génial où ce type a affirmé sans rire qu’on ne pouvait pas augmenter les retraites avec l’argument en béton suivant : « moi aussi, j’aimerais bien gagner trois fois le montant de ma retraite, mais vous voyez, je suis raisonnable, je sais bien que ça n’est tout simplement pas possible ». Bon, on peut juste réclamer que toutes les retraites soient mises au niveau de la sienne (sans multiplication, il est probable que pas mal de monde s’en contenterait (pas lui, apparemment…))))) dont il va sans doute falloir supporter les ronds de jambes et la danse nuptiale autour du nouveau président ricain. Comme quoi, chez ces gens là, les étrangers, on les préfère quand on a besoin d’un passeport biométrique pour leur rendre visite (on les aime bien en vitrine gouvernementale, aussi).
Alors, officiellement, l’humanité a gagné quelque chose dans ces élections. On verra. Les USA nous ont déjà montré à plusieurs reprises que chez eux, le président ne gouverne vraiment que si il se plie à la volonté d’autres échelons, qui sont pour certains officiels (le sénat par exemple), et pour d’autres plus opaques (on aurait volontiers bavardé de tout ça avec Lee Harvey Oswald, mais ça fait quelques temps qu’il est un peu indisposé). Il va sans dire que si Obama réalisait son programme, (sans être communiste pour autant, rassurons nous, mais, vous vous rendez compte, il veut instaurer une sécurité sociale, et il veut parler avec les musulmans !! ), cela pourrait remettre en question les intérêts de ceux qui, dans ce pays comme dans le monde n’ont jamais jusque là permis qu’on y touche, à leurs intérêts. Et on sait que les moyens sont nombreux d’empêcher les gêneurs de gêner. On devrait donc avoir de quoi alimenter nos journaux dans les années qui viennent.
Alors, on va quand même sortir une bouteille de champomy (parce qu’il faut être un tout petit peu enfantin pour se réjouir outre mesure). Et comme dans ce monde rien ne se fait sans bande son, deux titres pour aujourd’hui :
Billie Holiday « Strange fruit », faut il justifier ?
et Kongas « Africanism (Gimme some loving) ». Ah, là, il faut peut être justifier. Alors : 1 – Les années 80 sont une impasse au fond de laquelle nous tournons encore sur nous mêmes, alors, vite, back to the 70’s (ça reste moins radical que Nietzsche réclamant un retour aux présocratiques (même s’il n’est pas sûr qu’on puisse y échapper un jour ou l’autre))! 2 – Je cherchais un truc un peu plus festif que Billie Holiday, mais qui ne soit pas Patrick Sébastien non plus. 3 – Je cherchais quelque chose qui mixe des influences musicales éparpillées aux quatre coins de la planète, puisque ça y est, la mondialisation vient d’avoir un effet positif (quand même). Et cet « Africanism » parvient à fusionner harmonies basiques en droite provenance du symphonisme simplifié tel que l’Europe sait le faire, rythmes afro-cubains et production disco US. Que demander de plus ? (deux ou trois instruments asiates, peut être ? Mais hmmm… je ne suis pas certain que l’orient soit prêt à participer à la fraternité mondiale qui semble nous emporter dans sa folle farandole (et méfions nous, ils ont peut être raison : on notera l’absence d’influences sibériennes dans ce morceau, et il faut reconnaître que les russes sont d’humeur chafouine ces temps ci, et au delà de la grosse fiesta multiculturelle qu’on va se payer encore quelques jours, il est bon de se rappeler que, si ça s’trouve, Obama sera peut être entre autres choses le président qui devra guider son pays dans la troisième guerre mondiale)).
Bref, vous regardiez CNN pour savoir où en étaient nos outre-atlantes voisins ? Eh bien dansez maintenant :
Oh, vous ne connaissez pas Kongas ? Vous ne savez pas ce que vous perdez : ce fut un éphémère groupe dont l’un des membres était Cerrone en personne (autant dire qu’on là le haut du panier de la bande originale de film porno, qui est un genre à part entière). L’autre membre majeur du groupe était Alec R. Costandinos, qui est moins connu mais dont les productions en solo restent dans l’histoire comme la seule tentative (à ma connaissance) de produire une espèce de peplum musical disco (ses reprises disco de Romé et Juliette, de Notre Dame de Paris ou de la Passion (oui oui) sont des grands moments (je le répète : des GRAAAANDS moments qui auraient pu aussi illustrer notre joie du moment, mais trop de sirop sur les bons sentiments, ça peut faire un peu guimauve, à force. Contentons nous de Kongas, qui est déjà lourdement chargé en sucreries, mais faut s’y faire : les années 10′ seront funky et disco, je le prédis)). Public Enemy, ça s’imposait un peu, mais il paraîtrait que ça casse l’ambiance. Pour le moment, laissons là intacte, cette ambiance. (Avis aux commentateurs qui saisiraient là l’occasion de pratiquer cette ironie qui fait tout le sel de leurs interventions : je suis tout à fait conscient du caractère crétin de cette seconde illustration sonore, mais la fête se doit d’être un peu insouciante, et après Billie Holiday, il fallait quelque chose d’un peu « lourd » pour permettre l’insouciance qui sied à ces moments où il faut revenir à une quasi innocence (j’ai décidé de répondre momentanément « non » à la question qui inaugure ce post))