Sinon, tant qu’à avoir cédé à l’invitation d’évoquer la crise d’adolescence de Madonna, j’aurais mieux fait d’en profiter pour mettre en avant la brave fille qui lui sert d’adjointe au clip comme à la scène du déjà mentionné ‘Give me all your lovin’ : l’ombrageuse M.I.A., qu’on reconnaitra au beau milieu du barnum de l’halftime hyperbolique du superbowl au fait que, parait il, elle ferait un doigt d’honneur à Dieu sait quoi.
On peut porter un nom très casse pied à taper sur un clavier, être animée d’une certaine honnêteté (M.I.A. a admis s’être rendue compte, en l’écoutant, que son dernier album était mal fichu, et que, personnellement, elle ne l’aurait pas acheté) sans être totalement dépourvue d’opportunisme (tiens ! Si je profitais de la publicité offerte pas la dame patronnesse des collégiennes quinquagénaires pour sortir mon propre single ?). Du coup, nous sommes gratifiés d’un clip qui, mine de rien, satisfait en nous les amateurs de glissades sur quatre roues.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=2uYs0gJD-LE[/youtube]
Allez allez, ne faites pas la fine bouche. Ok, on sait que la bagnole est un mythe d’un autre temps, ok, on sait qu’un clip avec des bagnoles, c’est généralement l’occasion d’une mise en scène minable laissant croire à des simples d’esprit que le chanteur possède réellement une écurie de course ou un musée de l’automobile consacré uniquement aux modèles sortis pile poil l’année où a été tournée le clip. Bien entendu, ce qu’on aime par-dessus tout, c’est quand le jeu tourne faux cul. On se doute que le milieu qui fait des clips remplis de Lamborghini ou de Rolls n’est pas spontanément adepte de la conscience et de la prise de recul. Néanmoins on aurait volontiers un petit élan d’amour vache pour les productions qui casent en douce un modèle haut de gamme sans vraiment le mettre en avant, genre « On n’est pas du genre à frimer, mais comme on roule quotidiennement en Bugatti, on va quand même pas tourner le clip en Fuego, un peu de réalisme ne fait pas de mal »(allez, mention spéciale à l’insupportable Kenza Farah qui, dans « Appelez-moi Kenza », grand moment de solitude, faisait mine de commanditer un braquage de banque, toute mignonne dans son survêtement à col en fourire, toute bien peignée à grands coups de produits qui lissent le cheveu pour qu’il devienne tout bien raide comme il faut, pas un sourire évidemment puisqu’elle en veut à la terre entière de pas être encore mondialement connue, filmée floue par une caméra sans doute ivre, de temps en temps au sommet de son gratte ciel, au dessus d’une ville, la nuit, juste comme on s’y attend dans tout clip de ce genre ; on passe son temps à attendre le défilé des derniers modèles à la mode et on n’est servis qu’au dernier moment, l’héroïne se tapant un « give me five » avec un de ses complices dans ce qu’on devine être un Hummer H1 cabriolet, avec sièges en cuir blanc, s’il vous plait, et toutes les options qui vont bien, alors même qu’on ne comprend pas très très bien le scénario : a priori, la bande s’est faite prendre par le GIGN, est ce dès lors le Hummer du GIGN (qui roule en Hummer, c’est bien connu, c’est tellement plus discret pour intervenir discrétos), ou bien est ce le véhicule des braqueurs de banque (idéal pour s’enfuir sur la pointe des pneus, ni vu ni connu j’t’embrouille avec une bagnole passe partout), ou bien Kenza Farah roule t-elle en Hummer comme d’autres roulent en Mini Cooper ? On ne le saura pas, mais on aura eu droit au clin d’œil automobile obligé dans les clips de minettes qui s’la pètent un peu grave (ne nie pas Kenza, on a écouté tes paroles, on sait c’que tu penses des gens qui trouvent que tu t’la pètes, mais bon, le constat est là, tu t’la pètes, épicétout, la preuve de ce que j’avance est là : http://www.dailymotion.com/video/x34nvj_kenza-farah-appelez-moi-kenza_news).
Rien de tout ça chez M.I.A. : quand y a d’la bagnole dans ses clips, on ne demande pas poliment aux concessionnaires de prêter leurs dernières productions. On pioche dans des gammes déjà bien tannées par les ans, des modèles couillus, mais pas frimeurs, pour faire de jolies glissades juste pour le plaisir de danser sur le goudron et de sentir un peu de gomme brûlée. On est à la frontière de Mad Max et de Top Gear. Disons que si Jeremy Clarkson était une femme, il pourrait être cette amazone qui chevauche des BM cabrées sur leurs deux roues latérales. On aura beau se dire que merde, on ne va quand même pas tomber dans une complaisance coupable envers des travellings aux petits oignons le long de trajectoires parfaites, on aura beau se prémunir contre ce genre d’esthétique facile, on devra néanmoins reconnaître que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu des bagnoles filmées avec autant d’à propos. Casting parfait (enfin, justice est rendue à l’Alfa 156 !), figures juste assez libres pour que la cohabitation des voitures avec les pur sangs semble naturelle, rapport sain à l’automobile, qui n’est pas réduite au rang de simple déplaçoit, mais ne se hisse pas non plus, artificiellement, à la hauteur de la marchandise faite Dieu, cadre parfait (alentours quelconques de quelque métropole sur le territoire de n’importe quel membre de l’OPEP, avec tenues locales de rigueur (et c’est très bien qu’on intègre ces tenues à des mises en scène automobiles, après tout, par chez nous, on a eu la peau des cornettes à grands coups de scènes rocambolesques mettant en scène des religieuses hystériques au volant de 2CV en perdition)).
Le clip s’intitule Bad Girls. On pense, parce qu’on est un peu rêveurs, que M.I.A. doit être une lointaine cousine de cette jolie vilaine fille qui, dans Vanishing Point, faisait de la moto toute nue dans le désert. Depuis notre vigie sédentaire, on n’en finit plus d’être fasciné par les nomades.
Mia ? Ah oui je connais ! Justement je passe cette fin de semaine, de vendredi à dimanche, à Tropplusbellelaviepolis et je vais le danser, le mia !
Je te vois tout à fait « Stan Smith aux pieds, le regard froid », dansant sur Shalmar.
Nonobstant les accoutrements hommages à diverses marques, I.A.M. passerait presque un groupuscule disciple de Rousseau dans sa description de la boite de nuit, dans le cercle qui se forme autour du DJ, comme une actualisation de la fête au village, ou à la clairière, avec son piquet central, ses jolies banderolles et ses participants innocents, dans sa dimension la plus purement artistique.
Ceci dit, j’ai toujours eu du mal à concevoir ce coin de la France comme festif. Mais je ne suis peut être pas très très festif !
Bref, tu n’as plus qu’à lustrer ta R12 pour aller briller sur la Canebière !
Aux dernières nouvelles, demain soir invitation à une soirée dont les prolégomènes s’organisent autour de France – Irlande. Et dimanche balade à Porquerolles (le château d’If c’est d’un commun…). Je me suis peut-être avancé en pesant danser le mia… Et je dois confesser que je en crois pas avoir jamais écouté la chanson, pas plus que toute autre de I.A.M.
A part ça, il devait neiger sur Marseille, mais c’était encore un truc du syndicat d’initiative !
Le retour à l’hôtel ce soir n’a pas eu lieu en R12, mais en Triumph. On est mal assis et c’est très bruyant : j’étais gêné à double titre…
A la réflexion (j’ai eu le temps !), se déplacer en Triumph n’a rien de honteux : ce furent, en leur temps, des petites voitures de sport populaires, dédiées à une sorte de plaisir finalement très simple. La marque s’est un temps fourvoyée dans quelques modèles plus bourgeois, avec quatre portes, un toit, un intérieur confortable, des voitures normales, quoi. Mais si tu es monté dans un de ces petits cabriolets, trop petits presque pour qu’on puisse s’y glisser, ça ne me semble gênant que physiquement. Il ne me semble pas que ce soit péché 🙂
Non, vraiment, rentrer à son hôtel sur le vieux port un samedi soir vers minuit dans la Triumph du compagnon de la petite fille d’un écrivain français pléiadisé depuis deux ou trois ans, je suis désolé, mais c’était une faute de goût. La meilleure preuve en était le regard jeté par les kékés locaux, enfin les quelques rescapés survivant par -7°C.
On se sentait tellement intégré, tellement couleur locale que c’en était gênant. Et pourtant, on avait tout fait au niveau contenu pour rester dans un splendide isolement. Ecrivain, Pléiade, conversation cultivée, visionnage collectif d’un match de rugby avorté contre l’Irlande à cause de la température au moins aussi sibérienne régnant au nord de la Loire (c’est-à-dire au dessus de Montélimar !) que celle enregistrée à Marseille (où le rugby on sait tellement pas ce que c’est que deguin c’est beaucoup trop pour le caractériser), densité d’agrégé-e-s nettement au-dessus de la moyenne, dessert genre madeleine du petit Marcel, hôtel ayant accueilli Lamartine, Chateaubriand et Sand (pas les 3 en même temps, seulement 2), tout pour rester sur son quant à soi, et voilà que cette damnée Triumph dont il n’est pas facile d’extraire 1,85m et 90 kilos met tout par terre : pendant la durée de l’extraction, voilà la meute de kékés (enfin 6 ou 7 tout au plus, mais quand même la quasi totalité de la faune présente par ces temps de grand froid) qui rapplique et qui pose des questions : c’est quoi ta tire, elle est trop bien (comme trop plus belle la vie), ça monte à combien, et j’en passe.
Outre le fait que ça fout toute la pose pré-citée par terre, on se retrouve bien embêté pour répondre à ces questions, n’ayant su que par hasard et quelques minutes plus tôt que c’était justement une Triumph, ce qui n’évoquait pas (et n’évoque toujours pas !) grand chose chez le rédacteur de ces lignes.
J’ai grommelé quelques vagues excuses, souhaité le bonsoir à tous ces gens et je me suis précipité dans l’hôtel qui outre les trois pré_cités a maintenant l’avantage d’avoir hébergé les nuits d’un non-amateur radical de voitures.
Bon, ça a occupé les kékés quelques minutes c’est déjà ça et après ils ont dû pouvoir recommencer à parler de l’oHème.