J’ai l’esprit d’escalier.
Ou plutôt la mémoire sélective. Mais en jetant un coup d’oeil rétrospectif dans un livre assez pertinent que j’avais lu quelques semaines avant les élections municipales (qui étaient aussi, par endroits, cantonales), je suis retombé sur cette petite phrase de Pierre Bourdieu, glissée à l’oreille de Didier Eribon en 1990 : « Ce pur produit de l’ENA qu’est François Hollande se faisant élire à Tulle, c’est la fin de tout ! Ca veut dire le front national à 20 % dans dix ans« . C’est cité par Eribon lui même dans son livre « D’une révolution conservatrice – et de ses effets sur la gauche française« , qu’on pourrait peut être donner à lire avant un certain congrès qui devrait avoir lieu en Octobre, pas aux dirigeants (qui doivent très bien savoir de quoi il retourne) mais à tous ceux qui, ces derniers dimanches soirs, on pu avoir le sentiment de vivre une victoire électorale.
On ne sait trop comment convaincre du fait que dans la gauche telle qu’elle est, les victoires sont des défaites virtuelles et des désillusions à venir. Certains avaient beau jeu de tancer les ténors de l’UMP en affirmant qu’ils s’étaient pris une branlée. Sans doute ce genre de propos a t-il, en revanche, provoqué un effet équivalent à celui d’une bonne branlette à ceux qui les ont prononcés.
Hollande l’a de nouveau emporté à Tulle. On peut se donner rendez vous dans dix ans, pour voir si l’histoire se répète sous la forme d’une farce. Etant donné ce (et ceux) que cela engage, on peut douter que le caractère « farceur » de l’aventure apparaisse à tous de manière très claire.