Ajoutons au précédent article ce documentaire en deux parties diffusé sur Arte, consacrée aux Black Panthers, ce mouvement avec lequel Angela Davis combattit les oppressions dont les minorités pouvaient souffrir dans les années 70 aux Etats Unis.
Evidemment, le propos est bien éloigné de la tiédeur des propos de Yannick Noah, et l’action des panthères noires, tout comme leurs intentions, ne ressemblaient pas exactement à un programme de retraite de jeunes communiants (l’Angela revue et corrigée par Noah pourrait tout à fait animer un groupe de catéchèse, et sa chanson pourrait tout à fait clore l’office dominical, pour peu que le curé local soit branché « renouveau charismatique »). Aseptiser les révolutionnaires est une activité dans laquelle le marché excelle. Il aurait tort de se priver : c’est rentable (les révolutionnaires sont généralement photogéniques, prennent souvent des poses sexy, font preuve d’une vitalité séduisante) et politiquement payant (en les intégrant au circuit des marchandises, on leur fait perdre leur virginité commerciale, et on les lie au monde qu’ils tentaient de renverser, pour en faire un pilier supplémentaire.
Nulle surprise, dès lors, dans l’hommage dont Noah est l’auteur.
Voici dont ce documentaire :
Et en bonus, le site sur lequel j’ai croisé ce documentaire rappelle opportunément que les Rolling Stones eurent le grand avantage de soutenir Angela Davis en 1972, alors qu’elle était confrontée à des accusations de meurtre, face à une justice américaine dont elle avait tout à craindre. La chanson s’appelle Sweet Black Angel, titre parfois diminué en Black Angel.
A un moment, Jagger demande « Would ya take her place ? » et cyniquement Noah le fait. Plus loin, nouvelle question « Ain’t someone gona free her ? » et opportunément, Noah en fait une esclave de la marchandise, exactement ce contre quoi elle se bat.
On mesure à quel point il faut sans doute prendre avec quelques précautions le fait que la France hisse chaque année si haut ce champion de tennis, et ce chanteur, si haut dans le classement de ses « personnalités préférées ». Parfois, c’est le genre d’honneur qu’on rend à ceux qui, finalement, nous rendent encore bien service.
La même année, John et Yoko prirent le temps de sortir de leur lit (enfin on le suppose) pour enregistrer « Angela » sur l’album « Some Time in New York City », dédiée évidemment à qui vous imaginez.
Et on risque de préférer toujours le « Lily » (« Mais dans un meeting à Memphis, Lily / Elle a vu Angela Davis, Lily / Qui lui dit viens ma petite soeur / En s’unissant on a moins peur / Des loups qui guettent le trappeur ») de Pierre Perret à la chanson de Noah que je n’aurai vraisemblablement l’occasion d’écouter.
Cela dit, à la même époque, nous, trotskistes de stricte observance, nous nous moquions méchamment de nos jeunes (nous l’étions aussi jeunes) camarades des JC (Jeunesses communistes, que nous appelions les stals, à l’époque nous faisions dans le détail) qui ne manquaient jamais une occasion de chanter niaisement, sur l’air de Here’s to you (Ballad of Sacco and Vanzetti) de Joan Baez :
« Libérez Angela Davis
Elle est noire, elle est communiste
Elle se bat pour la liberté
Nous nous battons pour la sauver ».
Même Noah doit faire intelligent à côté de ça.
Bon, maintenant que nous nous retrouvons tous ensemble (ouais, ouais !) au sein du Front de gauche (enfin pas tous les trostskistes de l’époque, mais si je commence à expliquer, le jkrsb va devoir acheter un deuxième serveur), on a la pudeur de ne pas avoir trop de souvenirs…
Suite donnée ici : http://www.ubris.fr/2010/08/lennon-ono-davis-un-couple-a-trois-en-forme-de-mariage-blanc/
🙂