« Contemple là, cette terre, telle que Dieu l’a donnée à ceux qui l’habitent. N’est elle pas visiblement et uniquement disposée, plantée et boisée pour des animaux ? Qu’y a t-il pour nous ? Rien. Et pour eux, tout : les cavernes, les arbres, les feuillages, les sources, le gîte, la nourriture et la boisson. Aussi les gens difficiles comme moi n’arrivent-ils jamais à s’y trouver bien. Ceux-là seuls qui se rapprochent de la brute sont contents et satisfaits. Mais les autres, les poètes, les délicats, les rêveurs, les chercheurs, les inquiets ? Ah les pauvres gens ! »
Guy de Maupassant – L’inutile Beauté; extrait des Contes et Nouvelles.
En si peu de temps se téléscopaient les vidéos pirates d’une terre qu’on se déchire en pleine mer, dans une guerre qui oppose ceux qui la croient promise, et ceux qui pensaient l’habiter, et les dernières images d’une communauté qu’on avait pris l’habitude de voir se battre contre la terre sur laquelle elle avait échouée.
Dans chacun de ces régimes d’images, l’exil est la loi, la colonie est un refuge contre l’errance; et l’ennemi, c’est « les autres ». Hostiles a priori, irrémédiablement irréconciliables,sur ces théâtres des opération, il faut maintenir les vigiles en place, et organiser la relève de la garde. Qu’on navigue sur le Mavi Marmara ou qu’on vole à bord du vol Oceanic 815, les trajectoires comme les destins sont toujours des lignes brisées et les îles sont des prisons. Pour les uns comme pour les autres, les embargos sont la règle et les avenirs se dessinent sur des horizons certes dégagés, mais hors d’atteinte.
Il en va ainsi lorsque l’histoire tourne en boucle sur son propre cycle. Ouvrir les yeux, les fermer, échoués conscients ou inconscients sur une seule et même plage, c’est du pareil au même; et les problèmes essentiels ne trouvent pas de réponse.