Vacances, mauvais temps, famille, télé allumée avant midi; c’est comme ça.
Du coup, on découvre des émissions dont on ne soupçonnerait pas, sinon, l’existence, et des micro-évènements qui doivent constituer, je présume des sujets d’enquête chez télé 7 jours et des objets de débat dans les clubs su troisième âge.
Ainsi, les journaux n’en parlent pas, mais sur France2, il semble que depuis plus de 80 émissions, un seul et même candidat squatte la situation enviée de champion du monde d’un jeu qui, on va le voir, semble avoir été conçu comme un microcosme du monde lui-même. Plus étonnant encore, ce vainqueur, c’est le fils du Docteur Green et de Moby. Oui. Et personne n’en parle. C’est là, sous les yeux de tous ceux qui ont une télé à la maison, et sont chez eux sur le coup de midi, là, juste derrière l’écran morne de l’écran plat éteint : Moby Green, depuis 83 émissions, sans que personne ne s’en aperçoive, ne laisse aucune chance à ses adversaires, faisant preuve d’une culture générale sans commune mesure, passant allègrement d’une connaissance sans faille du cinéma tourné à Marseille à la mémoire intégrale des oeuvres musicales de Jordy. Comme ça, en douce. Et personne ne semble se douter de rien. Nagui lui même doit commencer à s’inquiéter un peu de voir son vedettariat volé par un candidat dont tout le monde semble ignorer l’identité véritable, dissimulée sous le pseudanonyme « Christophe Bourdon », car en digne fils des pères dont il est le croisement, il marche sur les plates-bandes du présentateur, glissant par ci par là un mot d’esprit avant de donner, avec une hésitation dont on finit par se demander si elle est feinte, les bonnes réponses qui lui permettent, jusque là, de demeurer sur son médiatique trône, sans avoir l’air dupe de la duperie générale.
Mais au-delà de l’anecdote, et au-delà du plaisir que certains peuvent éprouver à croire le Docteur Green ressuscité, on découvre dans ce jeu une métaphore assez bien déguisée du monde tel qu’on l’a organisé. Le principe est simple : des candidats se mesurent les uns les autres sur le terrain de ce que le cahier des charges de l’émission doit sans dout appeler la « culture générale » (c’est à dire une accumulation disparate de connaissances hétéroclites, apprises pour les apprendre, une mémorisation artificielle et aléatoire de tout et rien en général, sans visée ni intention autre que l’espoir, nécessairement statistiquement faible, que les questions porteront sur qui aura rencontré le hasard de la mémorisation). L’un d’entre eux gagne. Ensuite, il est celui dont tout le monde veut prendre la place, puisque non seulement sa victoire lui fait gagner de l’argent, mais encore, lors des émissions suivantes, les autres joueurs, s’ils ne prennent pas sa place, accumuleront de l’argent qu’il leur vole en fin d’émission, eux repartant broucouilles, la queue entre les jambes, une boite de jeux sous le bras.
Autant dire que les concurrents se comportent comme toute bonne classe moyenne : ils se battent entre eux parce qu’ils ont l’espoir d’atteindre le sommet. Ainsi, ils veillent à être performants, puisque c’est le seul moyen de franchir les étapes éliminatoires sans être, justement, éliminé. Cette performance est tout bénéfice pour le champion en place, puisqu’en fait, il a toutes les chances de ne pas se faire ravir la place par les prétendants au trône. En effet, c’est lui qui va choisir les questions qui leur seront posées. Il n’a en somme qu’à gérer son avance, et peut se comporter avec eux en bon responsable des ressources humaines. Il évalue leurs compétences, et doit seulement maintenir un juste milieu entre la promotion de ceux qui vont lui rapporter de l’argent en répondant de manière pertinente aux questions, et mettre à l’écart ceux qui pourraient lui causer des problèmes lors du combat final, puisque c’est le seul auquel celui qu’on présente comme le roi de l »émission participera.
Au pire, si jamais il foire, qu’il gère mal, et qu’il perd, la cagnotte qu’il a accumulée peut lui servir à acheter à celui qui l’a battu le trône qu’il ne veut plus quitter. Autant dire que s’il veut rester, il a intérêt à favoriser les adversaires qui sont telemarketeurs, hôtes de caisse, infirmières ou autres précaires, qui pleureront de joie quand il leur offrira 15000 € (c’est à dire, un sixième des gains engrangés (dis moi, grand gros gain engrangé, quand te dgrangrosgainengrangeras tu ?)) pour acheter à plus fort que lui une victoire que l’argent lui permet de s’offrir ce que les plus pauvres devront bien lui céder. Marx avait raison : l’argent renverse toutes les valeurs, et il permet sur ce plateau d’être Calife à la place du Calife, meilleur à la place du meilleur, ancien riche à la place du nouveau riche.
Et c’est ainsi que tous les midis, sur France 2, on édifie la foule de ceux qui, ne travaillent pas, (ben oui, qui regarde la télé à midi ?) en général, et en particulier ceux qui sont déjà assis sur le sommet de gains qu’ils pensent avoir dûment engrangés, et qu’ils considèrent comme du blé qu’ils ne comptent pas désengranger, si ce n’est pour des projets qui permettent de maintenir les pauvres à distance, et en position inférieure, ad vitam aeternam. Ainsi, à midi sur le service public, on récite tous en choeur le crédo de ceux qui aiment bien donner aux autres une leçon de vie. Christophe Bourdon, lui, a ceci de particulier qu’à chaque victoire, au contraire de son public, il semble avoir le sentiment de ne pas être à sa place. Les micros sont coupés alors que Nagui commente la suite interrompue, certes, mais rafistolée à coup de fric, des 80 victoires de ce champion neuronal, mais à chaque émission, on devine sur ses lèvres les mots « je suis désolé », adressés à celui qu’il vient de battre, et qu’il avait choisi précisément parce qu’il pensait qu’il serait simultanément celui qui lui rapporterait des gains, et celui qui ne les empocherait pas à sa place.
« Je suis désolé », ce sont sans doute les premiers mots qui viennent aux lèvres de tous ceux qui, ayant gagné contre les autres, n’assument pas leur victoire. Ce sont les mots de la droite souhaitant maintenir les avantages de ceux qui en ont déjà tant. Ce sont ces premiers mots qu’on a quand il s’agit de prendre la défense des inégalités, afin de continuer à en bénéficier sans faire mine de s’en réjouir.
Bienvenue dans un monde où on s’accommode assez bien d’avoir les mains et poches pleines, dans la désolation. Les vainqueurs ne sont désolés pour les perdants que parce qu’ils les trouvent désolants. Tous partagent la même échelle de valeur, puisque tous sont en compétition pour les mêmes objectifs. On souhaite donc, en haut lieu, en nous proposant avec la bonhommie joviale d’un Nagui suintant l’insouciance par tous les pores de sa peau, enraciner plus profondément en nous la désolation comme critère (comme prix, certes, mais l’argent renverse tout, y compris le coût et le gain) du bonheur. Ainsi, grâce au divertissement, on peut en venir à préférer la désolation les mains pleines à l’enchantement les poches vides. Ces émissions ne sont finalement rien d’autre qu’un choix de civilisation. Un jour, on se réveillera dans ce monde enfin accompli. L’un des symptômes devrait prendre la forme d’une école dont les principes et les valeurs seront calqués sur ces jeux télévisés. Vous verrez. Vous voyez déjà d’ailleurs, n’est ce pas ?
Ah zut alors, moi qui suis cette émission de temps en temps et de l’étranger (c’est généralement à l’heure du retour à l’hôtel après les musées ou les parcs du XVIIIème, thème privilégié des vacances cette année, et de la douche avec TV5 Monde en fond musical parce que nous c’est plutôt du côté de 18 ou 19 heures je ne sais pas exactement, je suis loin d’être accro, mais j’aime bien entendre parler français de temps en temps), je suis bien loin des 80 victoires au compteur : il doit y avoir du différé sur TV5. Voilà, tu m’as cassé mon suspens. Je v
…ais être obligé de rentrer plus tôt pour regarder à la place Questions pour un champion ! Et la personne qui partage ma chambre, qui déteste cette émission, va avoir un prétexte tout trouvé pour m’expliquer que si je veux faire des progrès dans le langage vernaculaire (mais qui lui a dit que je veux faire des progrès ? et d’ailleurs ça change de langage vernaculaire tous les 4-5 jours), je ne dois pas me polluer l’esprit avec du français, mais écouter la télé locale. Et logique avec elle-même, cette personne va m’infliger des dîners en allemand, tchèque, croate, etc. Vivement le séjour en Pologne, pays dont pour de multiples raisons idéologiques nous n’usons pas de l’idiome !
Voilà comment un belge (Christophe machin), un presque belge (le taulier d’ici) et un polyglotte cosmopolite (mon colocataire à l’hôtel) auront réussi à me pourrir mes vacances !
Ah oui, tout ça c’était pour dire qu’à l’occasion de ce court séjour français, moi aussi je suis désolé et que dès demain, je me précipiterai à Erfurt sur la télé pour vous dire à combien de victoires Christophe B en est pour nos voisins germains.
Je ne pensais vraiment pas constituer ici un de ces « spoilers » qui tuent tout suspens dans les narrations les plus prenantes du net !!! Et à vrai dire, je ne soupçonnais pas que cette émission fut regardée, de France ou d’ailleurs, par toi.
Mais ça montre au moins à quel point les jeux, et leurs mécaniques, sont suffisamment intégrés, assimilés mêmes, pour que leurs principes les plus essentiels soient à nos yeux comme transparents, invisibles parce que caméléons, calqués sur les structures profondes de nos sociétés. J’ai dans l’idée que c’est capable d’installer, ou d’enraciner plus profondément, des comportements, des visions du monde, des idées finalement. Ce n’est pas nouveau : le funeste Monopoly a bien réussi à inscrire chez tout le monde, toutes classes confondues, que le logement devait non seulement constituer une propriété privée, mais aussi un placement, et ne parlons même pas des catastrophes que sont les lavages de cerveau du type « la bonne paye ».
Au final, il est possible qu’au delà de l’usage de notre bonne vieille langue (que j’ai l’impression de maîtriser parfois laborieusement, alors le tchèque et le croate attendront que les hasards des réincarnations me déplacent en des régions où on les parle dès le biberon !), ces jeux n’aient pour seul objectif que d’apprendre le seul moyen d’échange qui soit universel (bien que non partageable, c’est là son défaut, par rapport à la langue) : l’argent. Curieusement, c’est une langue que tout le monde veut bien apprendre, sans pouvoir pour autant être sûr de faire partie de ceux qui pourront la pratiquer !
Pas de chaîne francaise à l’hôtel aujourd’hui à Erfurt (et pas de c dédille non plus sur le clavier). On attendra l’hôtel de demain (à Erfurt aussi) pour se tenir au courant.
« Autant dire que les concurrents se comportent comme toute bonne classe moyenne : ils se battent entre eux parce qu’ils ont l’espoir d’atteindre le sommet », et « Tous partagent la même échelle de valeur, puisque tous sont en compétition pour les mêmes objectifs ». J’émets un doute. Mais peut-être est-ce là le fruit de mon aveuglement ou conditionnement aux principes latents qui structurent ce type de jeux (ce n’est pas impossible, après tout, j’ai moi aussi joué, et jeune, aux jeux de société type La Bonne Paye et Monopoly… et je vis dans une société qui présente peut-être, avec ces derniers, un nombre non négligeable d’homologies). En fait, dans ton analyse, je me demande spontanément si tu ne confères pas à l’argent une place par trop centrale, et si, en considérant ce jeu comme un « microcosme du monde lui-même », tu ne réduis pas ce dernier à ses seuls aspects monétaires et financiers, économiques en un mot. Au sein même de ce jeu, je me demande, encore une fois, si d’autres logiques que celle de l’appât du gain ne pourraient pas animer et motiver les compétiteurs : par exemple, je songe à l’individu qui souhaite éprouver sa propre culture, se mettre à l’épreuve et en confrontation avec d’autres pour s’évaluer en quelque sorte. Celui donc qui a avant tout pour objectif de se prouver à lui-même quelque chose, l’argent venant après, en guise de récompense bienvenue mais au fond totalement superflue (après tout, on joue sans doute plus souvent à ce jeu (et à d’autres qui lui ressemblent) sans argent à la clé, qu’avec). Le jeu et le divertissement peuvent peut être en eux-mêmes constituer des raisons suffisantes pour s’y lancer. De là, je serais plus enclin à voir l’argent comme quelque chose qui viendrait pervertir le jeu, que comme son but ou sa finalité première, le principe qui le régit. Et je crois qu’on est capable de faire la distinction, et par conséquent de jouer en ayant pour guide un tout autre motif que celui de faire, cyniquement et/ou exclusivement, les poches de ses adversaires.
Dimanche pas de jeux sur TV5. Mais une longue interview d’Eric Besson. J’ai pr´´ef´´er´´e regarder le handball sur Eurosport. C’est en allemand, j’ai un alibi.
Peut être forcé-je un peu le trait pour faire coller l’objet au ton (ce qu’il ne faudrait théoriquement pas faire, oui !). Mais, au-delà du fait que je puisse voir le mal partout, il me semble que même si les candidats viennent sans volonté de gagner de l’argent, la connaissance est envisagée dans ces jeux comme un bien utile, quelque chose qui ne relève ni de la gratuité (les connaissances sont tout de même rentables, même si ce n’est qu’à l’intérieur de l’économie du jeu), ni du sens (elles sont décousues et mettent sur le même plan les paroles de Jordy ou la connaissance des grands auteurs). D’autre part, dans ce jeu précis, la possibilitié de transactions économiques entre les candidats (et ça, il me semble que c’est un cas presque unique dans le monde des jeux télévisés) instaure, nécessairement, un rapport aux gains qui est spécifique, et constitutif même des raisons pour lesquelles le joueur joue, des manières dont il bâtit ses stratégies (tout de même, comme dans le maillon faible, il s’agit de considérer les adversaires comme des unités de production qu’on privera des gains qu’ils ont générés (et le présentateur, donnant les réponses de certaines questions, participe lui même à la productivité des plus faibles, garantissant au champion des gains constants)), et dont il considère la victoire. Là encore, je vois sans doutes le mal partout, mais j’ai entendu ce fameux Christophe Bourdon choisir un adversaire banquier, plutôt qu’un candidat ayant une autre profession, parce qu’étant donné ce qui lui arrive, il faut qu’il soit bien avec les banquiers. Franchement, « être bien avec son banquier », j’ai l’impression d’entendre notre programme politique commun, et l’expression de nos raisons de vivre.
Je sais bien, évidemment, que ces émissions relèvent d’une ambiance désinvolte et franchement sympathique. Je sais bien qu’a priori Nagui ne semble pas être le plus pourri des représentants des intérêts du grand capital. En revanche, il me semble que souvent, ses émissions participent d’une logique qui colle bien à ce qu’on pourrait appeler « l’air du temps », et qu’elles puisent même certainement une part de leur efficacité en terme d’audience dans le fait qu’elles dédramatisent en les mettant en scène dans la joie et la bonne humeur des principes qui, s’ils sont regardés frontalement, sont peut être moins faciles à assumer.
Et en fait, même les candidats sont finalement sympathiques, sinon le héros du moment ne serait pas « désolé » à la fin de chaque émission. Cependant, je persiste à penser que sur ces jeux dans lesquels de l’argent est à gagner, certains ont plus à gagner, et donc plus à perdre que d’autres, et que cela permet à certains de jouer avec une certaine innocence (ceux qui en ont les moyens, et voient cette participation comme un loisir), pendant que d’autres jouent gros dans ces jeux, leurs études, le remboursement d’un emprunt, le paiement de leurs impots. Il me semble inévitable que dès lors, quand on commence à jouer à un jeu qui peut avoir, à ce point, des conséquences sur la vie réelle, c’est qu’il ne s’agit plus tout à fait d’un jeu. Et quand ce jeu reproduit de manière aussi structurée ce qui constitue le rapport réel que les gens ont entre eux, peut être n’est ce plus du tout un jeu, ou plutôt, peut être cela ne devrait il plus du tout en être un.
Quoi ? Il y a des gens qui zappent les interviews d’Eric Besson ? J’espère que ces traitres à la nation, dont on ne s’étonne pas qu’ils pratiquent ce genre de perversion depuis des chambres d’hotel situées dans de lointains pays étrangers, sont fichés quelque part, et qu’on leur fera subir fouille au corps et scanners corporels à leur retour sur notre belle terre de France !
Suis rentré trop tard ce soir. Comme beaucoup de romantiques allemands, je me suis laissé prendre aux charmes de la Schwarza. J’ai des ampoules aux pieds, je serai moins mobile demain et je vous tiendrai au courant de la progression de Christophe B sur TV5.
Mon compagnon de voyage vient de m’expliquer que ce n’est pas la peine de rester scotché toute la journée devant TV5 parce qu’il paraît que l’émission c’est sur France quelque chose que je l’ai vu lors d’un séjour à Francfort à Pâques où nous avions toutes les chaînes francaise.
J’ai quand même franchi la ligne Oder-(Neiss) (ou Neiß je ne sais plus), en tout cas l’Oder pour vous écrire ca : les cybercafés polonais, c’est au-dessus de mes forces !
Bon, mais alors, va t-il falloir qu’on regarde soi-même l’émission ? Ou bien faut-il espérer que France2 publie prochainement une intégrale en dvd des exploits de son champion ?
Je n’ose imaginer ta frustration si j’ajoute qu’un phénomène équivalent a lieu dans l’émission de Julien Courbet, qui a je ne sais plus quel nom, et qui a pour objectif théorique de mieux faire connaître la langue française : un candidat semble ne plus devoir quitter son poste de candidat, squattant plateau et gains sans partage. Curieusement, les deux émissions sont produites par Nagui, qui avoue lui même qu’il y a un principe simple, dans l’audimat des jeux télévisés : plus les candidats s’installent longtemps, plus le nombre des téléspectateurs augmente aussi. Comme l’audimat demeure, à ces heures là, l’indice de rentabilité des émissions, on comprend tout l’intérêt qu’il y a à rédiger des règles du jeu qui puissent permettre à des candidats de servir ainsi, dans leur conatus médiatique (et ludique), les intérêts économiques de la production. Te voila contraint à louer une parabole que tu accrocheras discrètement au garde fou des terrasses qui ne doivent pas manquer de jouxter les chambres d’hôtel où tu t’installes, où que ces hôtels se trouvent dans la vaste Europe !
Qu’est ce qu’on peut apprendre comme trucs en se déplacant :
1. J’ai découvert au dîner hier soir que je n’avais pas traversé l’Oder à plusieurs reprises pour vous entretenir, ni même la Neiss, voire la Neiß, mais bien la Neiße. Non seulement j’ignore comme tout bon francais la géographie, mais en plus l’orthographe (essayez pour voir avec un clavier polonais…)
2. Sur MTV, je suis tombé sur « Telephone » dont j’avais entendu parler ici. Et finalement Gaga (« You’ve been a very bad girl » sussure Beyonce sans qu’on comprenne ce qui justifie en particulier ce reproche) n’a pas une coiffure tellement plus ridicule que les dames que je croise ici réguliérement des deux côtés de la Neiße. Ca ne manque pas de me plonger toujours dans des abîmes de perplexité : tant qu’à avoir les cheveux noir et rouge, pourquoi ne pas les avoir jaune aussi, ca ferait le drapeau complet. Mais pourquoi à la huitième place des charts pour ce clip Thelma and Louise ? Parce que franchement, c’est plutôt mieux qu’Adam Lambert à la 7ème mais c’est peut-être parce qu’il a les yeux plutôt plus faits que celui de Beyonce. Mais j’ai poussè le vice jusqu’à regarder le numéro 1 (entre temps, j’ai zappé, ne me demandez pas l’impossible) et là ce fut la révélation : du rap avec orchestre symphonique et ca s’appelle (en toute modestie) : Der Himmel soll warten.
3. Mon compagnon de voyage commence à trouver que ma fréquentation de ce site n’est pas sans influence (et je soupconne qu’il ne la trouve pas bonne) sur mon comportement.
Bon je vais reprendre une dose de Fürst Pückel, ou plutôt deux : une dans les yeux et l’autre dans une coupe.
Je me suis toujours demandé comment il fallait considérer ceux qui pensent pouvoir juger, de l’extérieur, si on file un bon, ou un mauvais coton. Cela dit, si effectivement, cette présente lecture te conduit à te poser devant MTV, il y a peut être des ondes étranges qui émanent de cet écran, et des dégats collatéraux non désirés (mais je dois admettre que la visée n’est pas exactement d’une précision chirurgicale, et ça frappe parfois un peu au hasard).
Sinon, c’est bien les IP : je peux suivre tes déplacements tranfrontaliers quasiment en temps reel !
Quant aux raisons qui poussent Beyoncé à considérer Lady Gaga comme une « bad girl », il me semble bien qu’elles relèvenet de la fonction performative du langage : ne pouvant pas accéder au statut de manière très lisible pour le public, on fait tenir le propos par quelqu’un dont les fans se disent (pour quelque raison obscure) qu’elle fait autorité dans ce genre de jugement, et le pouvoir des mots fait ici plus que le choc très relatif des images. C’est, d’une certaine manière rassurant de constater que les mots ont ce pouvoir, non ? 🙂