Il est pas mal, le livre de poésies de ma jeune nièce. En douce, il injecte juste ce qu’il faut de début de mouvement dans les idées. Les choses simples offrent, à tout âge, de l’oxygène pour la pensée et pour l’action. Dans Belles poésies pour grands tableaux, Virginie Aladjidi et Carolinr Pellissier proposent ce poème de Paul Eluard, et je me dis qu’il est capable d’insuffler chez un enfant ce genre de courant d’air intérieur qu’on semble avoir réussi à éteindre chez « les grands » :
Dans Paris.
Dans Paris il y a une rue;
Dans cette rue il y a une maison;
Dans cette maison il y a un escalier;
Dans cet escalier il y a une chambre;
Dans cette chambre il y a une table;
Sur cette table il y a un tapis;
Sur ce tapis il y a une cage;Dans cette cage il y a un nid;
Dans ce nid il y a un œuf,
Dans cet œuf il y a un oiseau.L’oiseau renversa l’œuf;
L’œuf renversa le nid;
Le nid renversa la cage;
La cage renversa le tapis;
Le tapis renversa la table;
La table renversa la chambre;
La chambre renversa l’escalier;
L’escalier renversa la maison;
la maison renversa la rue;
la rue renversa la ville de Paris.
Nul doute que, même dans la tête d’un enfant, trottera quelque part l’idée que, des villes, il y en a plein en France, et dans le monde, dans lesquelles il y a pas mal, des rues. Et que dans chacune de ces rues, se trouve tout le nécessaire pour que, dans un ordre précis, un renversement soit possible. Tout part de là; pas de la rue, mais du foyer, du quotidien, des conditions de vie, et de l’enfermement. Rien de ce qui fait écran ne constitue un rempart contre ce genre de mouvement. Quand ça penche, ça tombe.