On pourrait croire que désormais, mis devant le fait accompli des évènements qui semblent n’en faire qu’à leur tête, nous ne puissions plus rien prévoir. Bordel intégral tous azimuts, on ne sait plus à quels saints se vouer, et on peine à trouver les concepts aptes à saisir ce qui s’apparente de plus en plus à du caprice divin : effondrement économique par ci, révolution par là, guerre déclarée à la démocratie européenne sans que grand monde ait bien saisi que c’est de guerre qu’il s’agit, on n’y comprend plus grand-chose, et on abandonne peu à peu l’idée même de pouvoir maîtriser le chaos.
Pourtant, la météorologie nous aiderait. On en avait sans doute une sorte d’intuition lorsqu’on a décidé de nommer le mouvement lancé à travers le sud de la méditerranée « Printemps arabe ». On a bien dansé tout l’été sur cette idée, aussi est on maintenant pris au dépourvu, alors que l’automne est venu et que nous constatons que nous ne récoltons pas les fruits attendus. Mais à trop attendre de voir d’autres que nous incarner une démocratie que nous ne nous donnons même plus la peine de faire vivre, on pouvait s’attendre à être déçus. Bardés de notre écoeurant souci de ne reconnaître les autres qu’à la condition qu’ils nous ressemblent en tous points, bref, armés de notre franche xénophobie, nous aurions tout de même pu prendre quelques cours de météorologie, puisque c’est sur ce plan qu’on avait cru bon de placer le phénomène.
Voici ce qu’une simple visite sur la page « Egypte » de Wikipedia nous aurait appris :
« Au printemps sévit assez souvent le khamsin, un vent sec, chaud et très poussiéreux, souffle brulant des déserts du sud-est. À la vitesse de 150 km/h, il arrache les feuilles des arbres et donne au ciel une teinte orange foncé ; l’air se charge de poussière ce qui rend la respiration oppressante. Pendant ces cinquante jours (d’où le nom de cette saison), l’Égypte connait quelques violents orages, autrefois symbolisés par le dieu Seth. »
Apparemment, on s’y trouve sous un ciel de traine.
Ayant de façon exceptionnelle délaissé l outre Rhin pour des terres situées beaucoup plus au sud (plus précisément dans la pointe du talon de la botte italienne), je ne résiste pas à décrire ici ce qui fut une véritable satisfaction. Ce matin, j ai fait un peu de 100 kilomètres entre Lecce et Monopoli (sans y !) par le train, ce qui a pris environ 70 minutes. Dans le wagon dans lequel j avais pris place, sur une vingtaine de personnes, une seule (moi !) lisait. Les autres parlaient (fort !) ou téléphonaient (avec la discrétion qu on peut imaginer chez un italien du sud ! C est d ailleurs ce bruit qui m a incité à me livrer à cet exercice d observation.
Je me suis senti très hors saison… Et je me suis dit que Berlusconi avait finalement gagné, lui qui se glorifie d etre le porte parole de ceux qui ne lisent pas de livres.
Je suis troublé au point de substituer satisfaction a stupéfaction.
Ou faut-il y lire un acte manqué correspondant au fait que n étant pas venu ici tout a fait spontanément, il ne me déplait pas finalement d y trouver des horreurs… en meme temps que bien des beautées !