Plus vraiment habitué à se lever par 7° dehors, presque regrettant d’avoir coupé le chauffage dans la maison, je me retrouve au petit matin en quête de substitut au préambule de l’été qu’on connaissait jusque là. Se poser sous le soleil, même exactement, ne suffit plus à réchauffer l’atmosphère, l’ensoleillement gainsbourgeois sent l’huile solaire rance, les plages publiques surpeuplées, les plages privées telles qu’il ne devrait pas en exister, les matériaux désagréables dans lesquels on s’obstine à concevoir les tenues de bain, le sable dans la vaseline.
On préfèrerait une danse du soleil plus libératrice, quelque chose qui transpire les phéromones, un chant des sirènes qui aurait saisi qu’il n’a pas besoin d’aguicher, qu’il peut aller chercher des prises plus profondes dans le corps et dans l’esprit, quelque chose qui aurait davantage à voir avec le désir qu’avec la séduction, qu’il suffit d’appuyer sur l’interrupteur de ce mouvement secret, puissant, qui nous travaille au couple, comme une pulsion de grosse cylindrée hibernant dans les tréfonds de l’âme. Il en faut peu pour réveiller ça et nous propulser vers l’été. Mais il en faut peu, aussi, pour éteindre ces braises comme on pisse sur le feu avant de lever le camp.
Quelqu’un, quelque part, sait s’y prendre pour attiser la flamme. C’est en tout cas l’impression immédiate qu’on a quand on découvre le clip « spontané » (dit il) que Guillaume Paraniello a conçu autour du titre Hydraviolet, d’Electric Electric, qui est un peu comme l’étincelle qui vient révéler au gaz innocent tout son potentiel ignoré, comme Eve hissant Adam à la vie en foutant le feu au paradis originel, quelques millénaires avant de brûler, dans un brusque mouvement retour, son soutien-gorge. Si le titre d’Electric Electric est, livré à lui même, du genre puissant, rappelant qu’un instrumental bien mené peut tout à fait soulever son monde sans avoir à faire payer le voyage au prix d’un flot de paroles ineptes, s’il pourrait se suffire à lui même, Paraniello intervient sur cette musique pour lui faire transpirer tout ce qu’elle a de testostérone sous une forme bien plus essentielle que le « rentre-dedans » un peu primal sous lequel elle se présente. Tout passe dans les effleurements, un coude à la portière qui prend le soleil, un débardeur qui flotte au vent, des shorts juste amples comme il faut, le B.A. BA de l’érotisme en somme, boosté par ce qui transforme la pulsion érotique en véritable désir : le saut dans le vide. On n’arrive pas à discerner si ça relève chez le réalisateur d’une intention consciente ou d’un mouvement intime secret, mais la manière dont la pause, côte à côte, à laquelle on pourrait imaginer mille suites, se prolonge dans la joie partagée de se jeter dans le vide, offerts au soleil brûlant et à l’eau qui accueille et rafraichit, en dit juste assez pour que le mystère des intentions demeure, et fasse partie de cette exacte mesure qui fait naître en soi le mouvement; juste assez d’appel d’air pour qu’on sente le souffle du désir et qu’en soi, ça aspire à quelque chose.
Pour voir davantage de travaux de Guillaume Paraniello, c’est par ici : http://www.guillaumepanariello.com/ (sa page est scandaleusement bien faite)
Pour en entendre davantage du groupe Electric Electric, c’est par là : http://electricelectric.fr/ (c’est un peu en construction)