Puisque tout le monde a été relativement sage, et que tout le monde a bien travaillé, (pour gagner plus, ça se sait, et se vérifie tous les jours; et que pourrait on vouloir d’autre ?), on mérite de lire Lacan, tel qu’il a été évoqué il y a quelques jours ici même, dans une version un peu plus confortable. Ayant mis la main sur un exemplaire du magazine littéraire d’époque (c’est à dire le n°121, de Février 1977), j’en ai tiré les quelques pages qui suivent. En accompagnement de l’enregistrement, je crois qu’on peut dire que ça peut constituer une certaine conception du luxe, non ? Pour ceux qui n’ont pas participé à l’épisode précédent, et histoire que google indexe correctement, j’insère cette phrase qui contiendra tous les petits mots doux que les moteurs de recherche aiment bien trouver dans un texte, histoire de s’y retrouver : Lacan, invité à venir au fond des bois de Vincennes dispenser un savoir qu’il distillait jusque là dans ses propres séminaires, répond favorablement à la requête de Foucault, qui trouvait que le psychisme était une chose trop sérieuse pour la laisser aux mains des médecins, qui ont toujours un peu trop vite fait de trouver que votre psyché ne tourne pas suffisamment rond et de tenter de vous réparer à l’aide de deux ou trois bricoles et bouts de ficelles dont ils ont le secret. Néanmoins, Vincennes était une zone où les chaperons rouges du genre de Lacan étaient une proie de choix pour les grands méchants loups de la race des étudiants d’extrême gauche. Les loups avaient aiguisé leurs dents, histoire de croquer le pédant psychanalyste, et Lacan avait rempli son panier de petits pots de beurre et de galettes fourées, histoire d’amadouer un auditoire qu’il sentait potentiellement moins ébahi que celui de ses séminaires où, en tant que gourou, tout le monde lui vouait une admiration tantôt déférente, tantôt carrément béate, parfois, les bouches bées exprimaient tout simplement la totale incompréhension devant les jeux de mots abscons du Maestro. Se doutant d’un traquenard et bien décidé à en découdre avec la jeunesse qui croyait ne pas se laisser dompter tout en ne se laissant pas dompter d’une manière finalement assez attendue, là, quand le moment fut venu de se présenter devant son auditoire, Lacan vint avec son assistante velue : son chien.
Le moment est évidemment réjouissant, et il est maintenant, grace au Magazine littéraire, lisible. Ca n’enlève évidemment rien au caractère discutable du personnage. Ca ne valide en rien les thèses, ni ne justifie l’attitude. Mais cela demeure le témoignage d’un temps. Pour le reste, le plus profond, je renvoie aux commentaires de l’article précédent, dans lequel j’ai déjà évoqué cet épisode, car ils commencent à devenir consistants, à ce que je vois, au moment même où je copie/colle ces quelques miniatures. http://www.ubris.fr/?p=816#respond
Voici donc ce qu’on appelle L’Impromptu de Vincennes.
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Et maintenant, la récré est terminée. Il est temps de revenir vers le maître. Au boulot!
Bon anniversaire !!!
(L’horloge de ton blog avance d’une heure : nous sommes encore le 2 décembre !)
Merci ! Oui, il semble que l’horloge du blog se trouve dans ce non lieu qu’on nomme « temps universel ». Mais merci d’avoir songé à me rappeler que le temps passe ! 😀
Est-ce un mal (que le temps passe) ? 🙂
Hmmmm… Si tout cela a un minimum de sens, je me dis que ce n’est pas un mal, puisque ça a l’air d’être le principe de base de cette existence. Mais bon, si l’espérance de vie, c’est en gros 80, si 40, ça en fait la moitié, disons que 39, ça donne un peu l’impression de se tenir au bord du gouffre ! 😀
Même si « on ne voit pas plus par les yeux des autres qu’on ne connaît par leur entendement » (Roger Pouivet dans Qu’est-ce que croire ?), la relecture de Sénèque, des stoïciens et de Pascal s’impose dans de tels cas ! 🙂
(Mais bon, ces réflexions, tu les maîtrises mieux que n’importe qui. Par conséquent, je présume qu’il est presque impossible, face à notre condition, de ne pas être inquiet… Et puis attention, ce que je dis ci-plus haut ne veut pas dire, du moins telle n’est pas mon intention, que la philosophie se résume, et/ou doit se résumer, à une médication !)