Ainsi va la vie :
Jeudi 8 Octobre, 20h. : Frédéric Mitterrand, lauréat du casting organisé par la Présidence afin de trouver de nouveaux talents (à croire que la majorité en détient fort peu !), doit se défendre des accusations de pédophilie lancées à demi-mots (ou plutôt à double-mots, puisqu’on en rajoute à ceux que le ministre à lui même écrits, mais en même temps, il faut avouer qu’il écrit à demi-mots précisément pour n’en pas dire assez, alors…) par une militante FN qui semble persuadée d’avoir, dans ses veines, un sang, un pur, abreuvant les sillons de son opportunisme, une digne fille de son père. Face à une Laurence Ferrari qui semblait assez embarassée de voir débarquer sur son plateau de JT un invité venu raconter sa souffrance d’homme mondain homo, menant une vie tellement douloureuse que seule la compagnie de jeunes éphèbes de 4O ans (éphèbe ? 40 ans ? En Thaïlande ?… …) pouvait le consoler. Elle n’osa pas lui dire qu’au moins, il avait les moyens d’aller se payer un peu de dépaysement à l’autre bout du monde. On se demande comment ils font, les homos pauvres, pour survivre en ce bas monde. Accessoirement, Dimanche, questionné sur le sort des jeunes afghans renvoyés dans leur pays, le même Frédéric Mitterrand répondait que c’était une question difficile et douloureuse. Décidément, cet homme souffre beaucoup, mais semble peu enclin à relativiser sa propre souffrance à la vue de celle des autres : il profite de la misère des autres parce qu’il souffre, et le retour peut être fatal des clandestins dans leur pays d’origine ne provoque pas d’autre réaction que le retour à la douleur morale que le gouvernement auquel il participe lui occasionne. On ne sait pas si le fait de consommer des amours tarifées constitue une perversion (enfin, on a une idée sur la question, tout de même), mais l’égocentrisme en constitue bien une, beaucoup plus répandue, certes, mais rarement poussée à ce point.
Bref, tout de même, résumons : Jeudi, F. Mitterrand se défend devant la France quasi entière, de graves accusations de pédophilie.
Vendredi soir, c’était pourtant de manière très décomplexée et non coupable que se fêtaient les 30 ans de carrière du producteur de films X, Marc Dorcel. Dans une ambiance que tous les participants trouvèrent bon enfant, on fêta comme il se doit l’évènement, achevant les collisions de trajectoires festives dans les tentes montées de ci de là autour du lieu de la fête, histoire sans doute de reconstituer à quelques uns les scènes les plus fameuses de la filmographie de Marc Dorcel. Détail intéressant : le dresscode, pour ces demoiselles, réclamait qu’elles se déguisent en écolières.
Comme on dit, nous y voila !
Autre détail amusant : Pierre Sarkozy, oui, le fils, pas le futur président de l’Epad, qui ne pourra se permettre cela qu’une fois accompli tout le brillant trajet que son père semble lui avoir écrit à l’avance, mais l’autre, le producteur, se trouvait à la fête, et il avait pour l’occasion revêtu une panoplie complète de gangsta rappeur, sans doute un hommage aux soutiens que son grand frère reçoit sur le secteur de Levallois…
Toujours est il qu’Alain Finkielkraut trouvera là de l’eau pour faire tourner son petit moulin médiatique: Vendredi matin, sur France Inter, devant des journalistes qui n’en attendaient pas tant, il affirmait que la partenaire de jeux de Polanski, droguée et contrainte à quelques pratiques peu fréquentes à l’âge de 13 ans n’était ni une fillette, ni une petite fille, ni une enfant. De ceci, il concluait que Polanski n’est pas pédophile. Belle argumentation, dont on aurait aimé qu’il en fît profiter l’humanité avant qu’il s’agisse de soutenir une célébrité. On est curieux de savoir, tout de même, s’il prétend vouloir faire descendre la majorité sexuelle à 12 ans pour tout le monde, ou si cela doit être réservé aux cas particuliers dans lesquels se rencontrent deux adultes, dont l’un est cinéaste célèbre, et l’autre une femme de 13 ans appréciant la sodomie lorsqu’elle est droguée. Accessoirement, on ne sait pas trop ce qu’est un être humain de 13 ans, Finkielkraut n’ayant pas jugé bon de pousser son analyse jusqu’à ce genre de précision.
Finalement, Polanski semble ne rien perdre de son pouvoir de destruction. On reste même pantois devant une telle aptitude à faire dire n’importe quoi à tous ceux qui tentent de prendre sa défense. On serait lui, on se tiendrait à distance de ses avocats, l’affaire semblant loin d’être gagnée.
Mais l’actualité est, tout compte fait ce qui, ces derniers jours, provoque des télescopages si violents qu’ils s’apparentent de plus en plus à des crash-tests. Et comme dirait Christine Boutin, il est probable que cela laisse quelques traces. Il est probable que cela constitue tout autant l’expression de ses aptitudes à la divination que de son secret espoir.
« Ce qu’il y a d’embêtant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres », chantait Léo Ferré. Et je me souviens encore des débats qui agitaient, nos voisins du PCF (ah le fameux Guy Poussy !) à la même époque, dans les années 70 et 80 sur le fait de savoir s’il fallait ou pas que le mot de « morale » figure dans les résolutions du grand parti de la classe ouvrière (ce qui nous faisait beaucoup rire nous trotskistes d’obédience plus ou moins stricte qui n’envisagions pas un instant de faire de ce mot un objet de discussion).
Aujourd’hui, tout ça semble plus simple. Le débat n’a plus lieu d’être. La morale, c’est has been. EPAD, Mitterrand, Dati et son cabinet conseil, c’est cynisme à tous les étages et le pauvre Diogène passerait pour un gentil plaisantin. Quant à son homme, il ne se risquerait même plus à le chercher ! Et c’est nous qui nous revendiquons de la gauche qui ne négligerions pas ce petit supplément d’âme (bon Dieu, me voilà qui vire catho comme le jkrsb) que pourrait nous apporter la morale.
Je crois que cette citation de Ferré est une des seules que je ressors tous les ans à un moment ou à un autre aux élèves 🙂
Mais on pourrait dire, aussi, que la morale ne devient un objet d’intérêt que quand elle vient à manifestement manquer. Je ne sais pas si en pareille situation, Diogène aurait l’air d’un plaisantin. je me dis qu’il trouverait là peut être une occasion de saisir son baton, et de s’en servir. Je me demande si nous ne serions pas bien inspirés de l’imiter. Je n’ai pas une mémoire politique qui plonge extrêmement loin, mais j’ai bien l’impression qu’il n’y a guère qu’à la veille des pires périodes qu’a pu connaître l’Europe qu’on ait pu voir un tel sans-gêne chez les membres de la classe dirigeante. Au delà de l’insulte qui nous est quasiment quotidiennement faite, désormais, on peut aussi se dire que cela n’augure rien de bon.
Quant à devenir catho… héhé, je ne crois pas que ce soit ce qui m’arrive ! C’est juste qu’il est, en revanche, compliqué de fonder une morale sur autre chose que sur une transcendance. Mais celle ci peut ne pas être religieuse, aussi.
J’ai découvert par hasard « Theophrastus Redividus », un gloubi boulga effarant du XVIIème siècle qui met à bas avec un plaisir qui fait plaisir à lire tout l’acquis des religions, de la civilisation, de la morale… Et qui aboutit à une apologie de la loi naturelle par rapport à la loi humaine, émanant, selon le courageux anonyme auteur de cet ouvrage, d’un animal plutôt moins recommandable que les autres.
J’en recommande la lecture au moins partielle. Rousseau, pour l’époque, à côté est un conformiste à tout crin !
Ah, ça pourrait assez ressembler à un truc que je me suis lu dans le bus il y a quelques jours, et qui s’intitule « Le grand bluff ethique », mais je vais de ce pas partir à la recherche de ce theophrastus !
C’est redivivus pas redividus ! Pardon !