Il y a, quelque part au nord de ce pays, un vrai spécialiste de ces choses là qui aurait pu, s’il avait poursuivi son blog, écrire cette chose là bien mieux que je ne le puis. Mais bon, comme il est occupé et que c’est une bonne chose qu’il le soit, tapons nous le boulot…
Il faut un jour que les grands esprits se rencontrent. Il était donc écrit qu’un jour ou l’autre, les Pet Shop Boys signeraient chez Kompakt.
Evidemment, pour la majorité des êtres humains peuplant cette planète, ça ne signifie pas grand chose, mais en gros, c’est comme si Maurice Ravel (un peu âgé) avait rencontré Pierre Schaeffer (encore très jeune) pour lui faire part de son intention d’intégrer l’Ircam (30 ans avant l’ouverture de cette structure, certes…). En gros, ce qui se fait de mieux en pop (oui, ce qui se fait de mieux, parce qu’il n’y a aucun autre groupe qui parvienne à synthétiser aussi puissamment ce qui constitua de tous temps la musique populaire : la détresse existentielle, la puissance d’expression et le détachement festif; je prétends que les Pet Shop Boys sont l’incarnation moderne de la tragédie grecque; Nietzsche aurait adoré) vient signer dans un des labels les plus pointus en matière de musique contemporaine. Autant dire que l’association était inespérée, mais qu’elle vient signer l’exigence du duo anglais et le sens du repérage du label allemand.
Collaboration au long terme, ou simple coup sans lendemain ? On le verra quand l’album du duo sortira en début d’année prochaine. Mais pour un coup d’essai, c’est un coup réussi : reprise d’un titre méconnu d’un groupe des années 80, the Passions : « I’m in love with a german film star », jusque là repris par les Foo Fighters. , collaboration avec la photographe, vidéaste Sam Taylor-Wood, qui a déjà été choriste pour les Pet Shop Boys, mais chante ici en première ligne, et une avalanche de remix, tous produits par la crème de chez Kompakt : Gui Boratto avant tout). Bref, « best of both worlds » une fois encore, pour un résultat totalement maîtrisé : pas d’approximations de production, réorchestration cohérente et prenante, et pour achever le tout, un clip tellement minimaliste qu’il en devient ce genre d’objet qui comble au delà des attentes.
D’ailleurs, le clip est en totale cohérence avec le travail vidéo de Sam Taylor-Wood, qui joue souvent avec les habitudes de notre sensibilité sollicitée en permanence par de multiples stimuli. Elle a tendance pour sa part à priver nos sens de certaines de leurs sources pour mieux focaliser l’attention sur d’autres, même si il faut pour cela susciter une certaine frustration. Ici, c’est notre habitude du mouvement qui sera frustrée, car le clip est quasi totalement statique. Une expérience proche avait été tentée par cette même artiste, quand le projet vidéo « Destricted » l’avait contactée pour réaliser l’un des courts métrages qui allaient ensuite former une proposition pornographique alternative. « Death Valley » est un court métrage mettant en scène un onanisme tout relatif, car s’il n’engage qu’un seul être humain, il branche néanmoins celui ci sur la planète toute entière dans ce point le plus bas que connaissent les Etats Unis, au creux de la terre pour ainsi dire, dans un ensemencement qui a tout de primal.
Evidemment, vous ne verrez ci dessus que l’introduction de ce court métrage, la suite ne serait pas diffusable sans un avis préalable à la population qui éloignerait les utilisateurs d’internet qui se trouveraient être mineurs. Mais peu importe, l’essentiel est déjà là dans cette introduction : minimalisme, réduction de la narration à rien, détournement des codes habituels du genre, sensibilité tellurique; Sam Taylor-Wood montrait alors dans quel univers décalé elle gravitait. Voila que des galaxies lointaines entrent en collision les unes avec les autres. On sait que c’est comme ça que naissent des mondes.
Le prochain album des PSB, à sortir en mars prochain, sera produit par Xenomania.
Groupe de producteurs « dans le vent », les Xenomania ont produit et écrit des titres pour Cher, Franz Ferdinand, Sophie Ellis-Bextor, Natasha Atlas, Texas, Kylie Minogue…
Le nouvel album, publié chez EMI, est annoncé par Neil Tennant comme leur album le plus commercial. Début de réponse avec leur nouveau single « love etc. » à sortir vraissemblablement en début d’année.
Donc pour l’instant rien d’autre de prévu avec le label Kompakt, en tout cas pas leur nouvel album. Mais si la collaboration s’est bien déroulée (et les ventes ont un minimum suivi, ça reste un peu le nerf de la guerre, quoiqu’on en dise), je pense que ce label pourrait être une idéale terre d’accueil pour leurs projets moins évidents et « undergounds ».
Bravo pour ce post en tout cas, très bien informé, je n’aurai pas fait mieux. A quoi bon revenir, hein ? 😉
Ben si, il faut revenir, d’abord parce que les précisions sont bienvenues, et puis aussi parce qu’on aurait eu les infos des mois plus tôt, et puis parce qu’il le faut, « et puis c’est tout ! »