LA DECADANSE – Gainsbourg/Birkin – 1971 (et reprise video en 2007 par Alain Chamfort )

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Clip de Alain Chamfort - La décadanse (2007)Morceau inaugural du blog, son hymne pourrait on dire ! Seul un vrai musicien, amateur de jazz qui plus est, pouvait concevoir un pareil morceau dérythmé. C’est sa “bancalité” qui m’intéressait ici, parce que c’est précisément ça qui fait que le morceau fonctionne. Bien évidemment, et sans se livrer ici à une explication de textes, dans ce titre, il n’y a pas que le rythme qui soit déconstruit et déséquilibré : comme souvent chez Gainsbourg, on a un double texte, ici plutôt clair. Mais peu importe la provoc’, qui n’est jamais ce qui donne à quoi que ce soit sa valeur, ce qui importe ici c’est l’ensemble, la qualité incroyable des voix, moins due aux qualités vocales des interprètes (qui ne sortent pas vraiment d’un cours de chant d’Armande Altaïr) qu’à la maîtrise de la prise de son de Gainsbourg lui même, l’impression d’être là où on ne devrait pas être, partageant l’intimité d’un couple au moment peut être le plus intime, celui où le désir crée du déséquilibre et fait basculer le tout (le couple, la chanson, son rythme, ses mots, sa mélodie, l’auditeur) vers ce qui n’était pas prévu, vers un dépassement partagé.Signalons aux amateurs de choses rares qu’Alain Chamfort, décidément de plus en plus classe, en propose une relecture dans sa récente intégrale. Musicalement, je ne suis pas sûr que sa version apporte grand chose à la version d’origine. Je la trouve même un peu moins bancale, du coup un peu plus pop, mais c’est tout juste si la chanson n’y perd pas un peu de cohérence musicale. Par contre, là où Chamfort devient bigrement intéressant, c’est quand il accompagne cette reprise d’un clip tout simplement parfait, dans lequel l’intimité des voix, sans doute plus puissante dans le couple Gainsbourg/Birkin, va être décalée vers une intimité visuelle, que toute la mise en scène du clip parvient à installer, que ce soit par des astuces d’éclairage (la minuterie, les images infrarouge), ou que ce soit par l’astuce finale du scenario, qui vient apporter la dernière touche de déséquilibre à un ensemble qui s’appuyait déjà sur une jolie inversion des rôles. La chanson trouve là sa modernité. Je rêverais presque d’avoir un montage du clip de Chamfort sur la bande son originale de Gainsbourg et Birkin. Mais on ne va pas bouder le plaisir qu’on a, aussi, à entendre Chamfort endosser ce rôle là, qui lui va comme un gant.

En homme intelligent, Chamfort a compris que le net n’avait pas forcément été créé pour le ruiner, ni même le desservir. Sa page sur Myspace propose donc le clip, qu’on peut donc découvrir sans devoir placer sur ses étagères (toujours trop petites) la lourde boîte de son intégrale : http://vids.myspace.com/index.cfm?fuseaction=vids.individual&videoID=1944872559

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